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Tozeur: Le tourisme saharien retrouve des couleurs

Le journal français Le Monde a publié un article sur le tourisme saharien à Tozeur.

L’article revient sur la crise que le tourisme en Tunisie a connue, en raison de la pandémie du Coronavirus. Ce secteur qui éprouvait déjà d’énormes difficultés à se redresser, depuis 2011, s’est du coup trouvé au bord de l’effondrement.

L’article évoque, également, comment des établissements touristiques, comme l’hôtel Anantara et la maison d’hôtes Saïda Beya, ont fait face à ces difficultés et réussi finalement à se maintenir.

Aujourd’hui, Tozeur s’ouvre de plus en plus à d’autres activités pour redynamiser son tourisme et ce, en accueillant, depuis quelques mois, des événements attractifs, tels que le saut en parachute dans le désert, le festival "Rouhaniyet" (spiritualités), ainsi que des défilés de la Tunis Fashion Week.  

Tozeur s’est, également, ouvert au tourisme intérieur, en attendant le grand retour de son habituelle clientèle internationale et le redressement de certaines défaillances que connaît le secteur dans la région et partout ailleurs..

Le texte complet :

Le Monde parle de Tozeur
Malgré la pandémie, le Sud tunisien renouvelle son offre touristique

Les hôtels et maisons d’hôtes de Tozeur ont fait le plein de visiteurs pour les fêtes de fin d’année. Un signe que les affaires reprennent, après plusieurs saisons sinistrées.

Plantés aux portes du désert tunisien, les appartements et les suites couleur sable de l’hôtel Anantara s’ouvrent sur une mer de dunes. Un complexe haut de gamme qui a donné un nouveau souffle à l’offre touristique de la région de Tozeur, après plusieurs saisons plombées par les crises politique et économique, puis par la pandémie. Après un démarrage difficile – le lieu a dû fermer à peine trois mois après son ouverture, en 2019, alors que la première vague du Covid-19 déferlait sur l’Europe –, les protocoles sanitaires et la vaccination ont permis "une reprise en douceur", selon le directeur général, Jesus Arnedo.

Le pari de l’Anantara était risqué. Depuis la révolution de 2011, plus de la moitié des établissements hôteliers n’ont pas rouvert dans cette partie du pays. Certaines bâtisses de la ville ne sont plus que des ruines. Même si 80 % des employés de l’Anantara sont originaires de la région, le taux de chômage touche un actif sur quatre, et la plupart des jeunes refusent de travailler dans le tourisme. "Ils n’y croient plus", déplore Mondher Ben Soltane, propriétaire de la maison d’hôtes Saida Beya, à quelques encablures de la médina de Tozeur. Pourtant, les modèles proposés par l’Anantara et Saida Beya ont su se maintenir grâce à une proposition différente du tourisme de masse, dominant en Tunisie pendant des décennies et aujourd’hui remis en question. "Les touristes ou la diaspora, qui viennent à l’Anantara, cherchent une expérience atypique, en plus du luxe, des excursions personnalisées dans le désert, le coucher de soleil sur les dunes, des promenades à vélo dans la palmeraie", énumère Jesus Arnedo. Mondher Ben Soltane, lui, a choisi de ne pas bâtir de piscine "pour encourager les touristes à sortir, se balader et non pas rester entre quatre murs", à l’inverse des offres "all-inclusive" de nombreux établissements balnéaires, et propose à ses hôtes des mets traditionnels du Sud à base de viande de dromadaire. Les opérateurs se disent confiants.

Alors que la haute saison 2020 avait été percutée par la pandémie, le mois de décembre 2021 a été faste à Tozeur. La totalité des hôtels et maisons d’hôtes ont accueilli des visiteurs pendant la semaine des vacances scolaires et de célébrations du réveillon, soit une augmentation de 78 % par rapport à l’année précédente, selon le gouverneur de la ville, Aymen Bejaoui . Pour remonter la pente après la crise sanitaire, ce dernier a misé sur la vaccination massive, en encourageant la population à s’inscrire rapidement.

Tozeur s’est aussi ouverte à de nouvelles activités. La ville a accueilli pendant plus d’un mois, en octobre et novembre 2021, un événement de saut en parachute dans le désert et le festival de musique soufie Rouhaniyet, qui a drainé des milliers de visiteurs. Et c’est encore ici qu’ont été délocalisés, début décembre 2021, les défilés de la Tunis Fashion Week.

Malgré l’arrivée du variant Omicron, Akram Miadi, 47 ans, qui tient sa boutique de souvenirs depuis trois décennies, estime que le pire est derrière lui. "Aujourd’hui, même si la clientèle internationale manque encore à l’appel, les Tunisiens viennent en masse, on sent qu’ils redécouvrent leur pays", affirme-t-il. Les rares étrangers présents sont aussi friands de ces voyages hors des sentiers battus. Ce nouveau tourisme saharien, qui n’est pas encore réglementé par un cahier des charges précis, attire les initiatives de jeunes Tunisiens, comme Elyes Sassi, 30 ans, rentré il y a trois ans du Royaume-Uni où il avait une entreprise de production documentaire pour développer des parcours sur-mesure et complètement programmables en ligne avec son agence Saharansky, "à l’inverse des agences vieille école qui utilisent encore le téléphone ou les fax", plaisante-t-il. Un modèle qu’il a déjà dupliqué au Maroc et s’efforce d’implanter en Arabie saoudite.Malgré son enthousiasme, le jeune entrepreneur déplore, comme d’autres opérateurs touristiques, certaines défaillances du Sud  tunisien.

 

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